Qu’évalue exactement un bilan neuropsychologique ?
Comme vous le savez tous (enfin, peut-être pas mais comme ça vous le saurez), l’équipe de Learning Brain est constituée de neuropsychologues. Nous avions envie de passer en revue avec vous les différentes capacités cognitives qui sont évaluées lors d’un bilan neuropsychologique classique. Je vous en donnerai une petite définition ainsi que des exemples concrets de ce que ces capacités nous permettent de faire au quotidien !
Tout d’abord, pour bien comprendre en quoi consiste le travail du neuropsychologue et ce que nous proposons concrètement en termes de bilans et de suivis, je vous conseille de lire notre article à ce sujet sur le blog de Learning Brain :
Si vous réalisez un bilan complet chez le neuropsychologue, il se composera donc de différentes étapes :
- L’anamnèse
- Les questionnaires
- Le bilan intellectuel (QI)
- Le bilan neuropsychologique
- La remise de résultats
C’est le bilan neuropsychologique que nous aborderons ici plus en détails afin de comprendre ce qu’il évalue concrètement.
Les fonctions attentionnelles
Nous parlons DES fonctions attentionnelles parce qu’il existe plusieurs capacités dans le domaine de l’attention. Lesquelles ?
L’alerte
Il s’agit de la capacité à optimiser son niveau d’éveil afin de répondre le plus rapidement possible à un signal (sonore ou visuel) à un moment donné. En gros, il s’agit d’évaluer les temps de réaction.
- Exemples :
- Je réagis suffisamment rapidement quand madame demande de prendre son journal de classe.
- Je me recule très vite à la vue du serpent à mes pieds (bon… ok en Europe, ça ne nous arrive pas fréquemment, je vous l’accorde)
- Je réagis rapidement quand mes parents me demandent de mettre mes chaussures et mon manteau.
- ...
Lors du bilan neuropsychologique, cette capacité est évaluée à l’aide d’une tâche informatisée pendant laquelle l’enfant doit appuyer le plus vite possible sur une touche dès qu’un stimulus apparait à l’écran.
L’attention soutenue
Il s’agit de la capacité à maintenir son attention pendant de longues périodes, soit sur une source visuelle, soit sur une source auditive.
- Exemples en visuel :
- Une compréhension à la lecture
- Une feuille d’interrogation un peu plus longue
- ...
- Exemples en auditif :
- une compréhension à l’audition
- Un cours magistral (où le professeur présente oralement tout un ensemble de connaissances)
- ...
- Dans le bilan neuropsychologique, nous proposons à l’enfant :
- En visuel : des tâches où il doit repérer une image particulière parmi d’autres pendant un certain temps (ex : 10 ou 15 minutes)
- En auditif : des tâches où il doit repérer un son particulier parmi d’autres pendant un certain temps (ex : 10 minutes)
L’attention sélective
Il s’agit de la capacité à centrer son attention sur un certain nombre de stimuli pertinents (cibles) parmi un ensemble de distracteurs (stimuli non pertinents) qu’il faut négliger.
- Exemples en visuel :
- dans un texte, on me demande de souligner tous les noms propres
- Retrouver sur le tableau le mot que je dois recopier
- Retrouver un objet dans une pièce
- ...
- Exemples en auditif :
- je repère mon nom au moment de l’appel des présences
- je repère les réponses aux questions dans une compréhension à l’audition
- ...
- Pendant le bilan neuropsychologique, nous proposons à l’enfant :
- En visuel : des tâches où il doit repérer une cible (une image en particulier) parmi d’autres
- En auditif : des tâches où il doit repérer une cible (un son particulier) parmi d’autres
La distractibilité
Il s’agit de la tendance à se laisser distraire par des stimuli extérieurs. Nous pourrions d’ailleurs classer cette capacité au niveau des fonctions exécutives et, plus particulièrement, du contrôle inhibiteur. En effet, ne pas se laisser distraire implique qu’on est capable d’inhiber/de mettre un STOP aux distracteurs et ce, qu’ils soient externes (sonores ou visuels) ou internes (nos propres pensées).
- Exemples :
- Je parviens à ne pas me laisser distraire par la mouche qui passe, le voisin qui gigote, mon stylo 4 couleurs, …
- Je parviens à ne pas penser à ma nouvelle console qui m’attend à la maison pour me concentrer sur mon évaluation/devoir
Dans le bilan neuropsychologique, nous proposons donc à l’enfant de réaliser une tâche d’attention sélective visuelle pendant laquelle des distracteurs lui sont présentés et nous lui demandons de ne pas y faire attention.
L’attention divisée
Il s’agit de la capacité à partager ses ressources attentionnelles pour réaliser deux tâches simultanément.
- Exemples :
- je prends des notes (donc je fais attention à ce que j’entends mais aussi à ce que j’écris sur ma feuille)
- ...
Dans le bilan neuropsychologique, nous demandons à l’enfant de réaliser une tâche d’attention sélective visuelle et une tâche d’attention sélective auditive en même temps.
Les fonctions exécutives
Leur fonction principale est de faciliter l’adaptation du sujet aux exigences et fluctuations soudaines de l’environnement et, en particulier, aux situations nouvelles (lorsque nos routines d’action ne sont plus suffisantes).
Je vous conseille de lire notre article à ce propos !
L’inhibition
Il s’agit de la capacité qui nous permet d’inhiber un distracteur afin de maintenir son attention sur la tâche donnée, de résister à une envie/un automatisme/une impulsion, d’interrompre son comportement au moment approprié, de persévérer, d’attendre son tour, …
- Exemples au niveau moteur :
- je parviens à m’empêcher de prendre mon crayon vert au moment où madame explique qu’il faudra, après, prendre son crayon vert
- je parviens à m’empêcher de toucher mon petit camarade lorsqu’on me désigne comme « attrapeur » alors que le jeu n’a pas encore commencé
- ...
- Exemples au niveau cognitif et verbal :
- je parviens à m’empêcher de donner ma réponse à voix haute avant qu’on m’ait interrogé
- je parviens à ne pas interrompre l’autre alors qu’une idée me passe par la tête par rapport à ce qu’il est en train de dire
- ...
- Pendant le bilan neuropsychologique, nous proposons à l’enfant :
- Au niveau moteur : des tâches dans lesquelles il doit inhiber un automatisme moteur. Par exemple, il doit appuyer le plus vite possible sur une touche dès qu’il voit apparaitre une image à l’écran mais ne peut pas appuyer quand il s’agit d’autre chose.
- Au niveau verbal : des tâches où l’enfant doit inhiber un automatisme verbal. Par exemple, face à
VERT
- Il doit dire « rouge » (la couleur de l’encre) et non lire « vert ». Or, pour les enfants qui savent lire du moins, un automatisme à la lecture existe.
La flexibilité
La flexibilité : capacité à passer d’une opération mentale à une autre, de trouver une autre stratégie quand celle employée ne fonctionne pas, …
- Exemples :
- dans une liste de calculs où on passe à des soustractions après quelques additions, je ne persévère pas dans mes additions et je passe bien aux soustractions
- j’essaye de résoudre un problème avec une stratégie vue en classe mais elle ne fonctionne pas, je cherche quelle autre stratégie me permettrait de résoudre ce problème
- J’accepte que les autres aient une autre opinion sur un sujet
- ...
- Dans le bilan neuropsychologique, nous évaluons la flexibilité réactive (je change de procédure parce qu’on me l’impose) et la flexibilité spontanée (je change spontanément de procédure mentale). Par exemple :
- pour reprendre le
VERT
- de tout à l’heure : lors d’un essai, je dis la couleur de l’encre et plus tard, je dois lire le mot (flexibilité réactive).
- Il est demandé à l’enfant de citer le plus possible de noms de meubles en 1min. Pour ce faire, il va devoir passer d’un mot à l’autre dans sa tête, peut-être essayer de faire pièce par pièce de sa maison ou lieu (classe) par lieu (maison).
La planification
Il s’agit de la capacité à planifier une succession d’étapes pour atteindre un but (élaboration, organisation)…
- Exemples :
- Pour réaliser mon affiche pour ma présentation orale, je vais commencer par acheter mon affiche, ensuite chercher des informations et des images à propos de mon sujet, ensuite faire un plan des informations écrites que je vais mettre sur mon affiche, sélectionner les images en fonction de la place que j’ai sur mon affiche et des sujets abordés, …
- J’organise correctement mon espace de travail ou mon discours
- ...
Dans le bilan neuropsychologique, il est demandé à l’enfant de reproduire des modèles (ex : des positionnements de boules de couleurs sur un support) en un temps limité, en respectant des règles, …
Les fonctions mnésiques
Comme nous l’avons vu dans notre article sur la mémoire, que je vous conseille d’ailleurs de lire, nous n’avons pas UNE mais DES mémoires.
Nous allons ici aller à l’essentiel pour que les parents comprennent ce que nous proposons à leurs enfants pendant un bilan neuropsychologique classique, nous n’entrerons donc pas dans les détails en ce qui concerne les différents types de mémoire.
La mémoire de travail
Il s’agit de la capacité à mémoriser un certain nombre d’informations nécessaires à la réalisation d’une tâche, pendant un temps relativement court. Nous évaluons différentes composantes de la mémoire de travail :
- Exemples :
- je prends un numéro dans le bottin pour le composer ensuite
- je peux retenir les consignes qu’on vient de me donner
- je ne perds pas le fil de mon raisonnement (ou du raisonnement de quelqu’un d’autre)
- ...
Dans le bilan neuropsychologique, l’enfant doit rappeler des séries de chiffres qui lui sont présentées oralement.
- Exemples :
- je fais un calcul mental : je retiens toutes les étapes de mon calcul et les réponses intermédiaires pour pouvoir arriver à mon résultat final
- ...
Dans le bilan neuropsychologique, l’enfant doit rappeler des séries de chiffres à l’envers, par exemple.
Dans le bilan neuropsychologique, nous montrons à l’enfant des cubes dans un certain ordre et il doit remontrer les cubes dans le même ordre, par exemple.
La mémoire à long terme
Elle permet de maintenir des informations en mémoire pendant une longue période, voire à vie.
- Exemples en verbal :
- Je mémorise une récitation, une leçon
- Je retiens les paroles de mes chansons préférées, les répliques des films cultes
- ...
- Exemples en visuel :
- Je reconnais un ami de mon père que je n’ai plus vu depuis longtemps
- Je me souviens du schéma vu en classe
- ...
Dans le bilan neuropsychologique, nous évaluons les capacités de l’enfant à apprendre une liste de mots ou une série d’images, par exemple.
Les praxies
En Belgique, moins qu’en France (où ce sont plutôt les psychomotriciens qui s’en chargent), le neuropsychologue peut être amené à évaluer les praxies.
Une praxie est la programmation cérébrale d'un savoir-faire. Gestion, de manière automatisée, d’un geste, après en avoir fait l’apprentissage (ex : écrire, faire ses lacets, …). Une fois acquise, une praxie ne s’oublie pas (sauf bien entendu en cas de traumatisme crânien ou de démence, par exemple). Certaines praxies, considérées comme obligatoires à certains âges, constituent de véritables marqueurs du développement de l’enfant (la marche, l’écriture, l’utilisation de couverts, ….).
Les praxies visuo-spatiales
Il s’agit des compétences visuo-spatiales, organisation de l’espace, vocabulaire spatial, ….
- Exemples :
- s’y retrouver sur sa feuille
- commencer à écrire à partir de la marge et jusqu’au bout de la feuille (et non en commençant à 3-4 cm de la marge)
- ne pas sauter des lignes dans un texte
- ...
Dans le bilan neuropsychologique, nous les évaluons grâce à des épreuves diverses et nos observations cliniques.
Les praxies visuo-motrices et constructives
Il s’agit des capacités nous permettant de reproduire des modèles (avec un crayon (écriture ou dessin) ou avec un matériel comme des cubes, par exemple).
- Exemples :
- je recopie un modèle en géométrie
- je fais un dessin en miroir
- ...