L’écriture

Vous le savez, chez Learning Brain, nos dadas ce sont le cerveau et les apprentissages. Du coup, nous allons vous parler cette fois d’un apprentissage tout spécifique qui est celui de l’écriture !

Comme vous vous en doutez, la capacité d’écriture n’est pas innée, il s’agit d’un apprentissage long et, parfois, difficile. Quelles capacités spécifiques cela nécessite-t-il ? Pourquoi continuer à écrire « à la main » à l’air du numérique ? Qu’en est-il des gauchers ? Quelles sont les qualités essentielles de l’écriture manuelle ? Quand peut-on considérer que les difficultés sont significatives ?

Nous allons tenter de répondre à ces questions et, pour ce faire, nous nous sommes inspirées, notamment, du livre « Bien apprendre à l’école » de Mazeau et Pouhet.

De quoi dépend l’apprentissage de l’écriture ?

L’écriture ne s’apprend pas du jour au lendemain, il s’agit d’un long processus impliquant diverses capacités :

1. Le contrôle moteur

L’apprentissage de l’écriture nécessite le développement de la motricité fine et de la motricité globale. En effet, pour bien écrire, il faut maitriser la tenue et le maniement de l’instrument scripteur (terme « prout prout » pour dire crayon) mais il faut également adopter une bonne posture.

Source : https://www.psychomotricien-liberal.com/2018/03/02/reeducation-ecriture-psychomotricite/#jp-carousel-1536

Source : https://www.bickids.com/fr/conseils-pour-bien-apprendre-%C3%A0-%C3%A9crire

Mazeau et Pouhet indiquent que le geste graphique ne s’automatise que vers 12 ans. L’entrainement est essentiel pour parvenir à cette automatisation. Il est d’ailleurs conseillé que cet apprentissage (comme tous les autres d’ailleurs) ait un sens pour l’enfant. Pour ce faire, lui demander d’écrire des choses utiles trouve ici tout son intérêt (ex : des mots qu’il utilise souvent (maman, papa, son prénom, …), une carte pour la fête des mères, une lettre pour son papy, …).

Et n’oubliez pas que l’écriture est surtout un outil pour bien apprendre. En effet, une jolie calligraphie ne doit pas prendre le pas sur le contenu des apprentissages. Tolérez les imperfections ! Mazeau et Pouhet rappellent que la scolarité vise avant tout des « têtes bien pleines » et non des écritures parfaites. Ils expliquent, par exemple, qu’il existe plusieurs façons acceptables de tenir son crayon à partir du moment où ce sont les doigts et le poignet qui bougent pendant qu’on écrit ET que l’avancée sur la ligne ne cache pas les mots déjà écrits (même chez les gauchers !). Au-delà de ça, si l’écriture est fluide et lisible, qu’importe si elle n’est pas parfaite !

2. Les compétences visuo-spatiales

Au-delà du « simple » geste graphique, des aspects visuo-spatiaux entrent en jeu lorsqu’on apprend à écrire. En effet, je dois apprendre la forme des lettres ainsi que les relations spatiales entre les traits, l’agencement sur la feuille, …

3. Les compétences linguistiques

Et oui, ne l’oublions pas, écrire nécessite également des compétences au niveau linguistique (orthographe d’usage, grammaire, conjugaison, …). Et nous savons tous à quel point notre jolie langue est complexe et bourrée d’exceptions.

Pour l’orthographe d’usage, Mazeau et Pouhet encouragent d’ailleurs à faire une correction IMMEDIATE des erreurs faites par l’enfant en lui donnant la réponse exacte. De plus, ils déconseillent de proposer plusieurs orthographes d’un mot dans l’objectif de faire choisir par l’enfant celle qui est correcte. Le risque est important qu’il mémorise une des orthographes erronées.

La grammaire, la conjugaison et l’orthographe nécessitent une attention particulière qui, quand l’écriture n’est pas encore automatisée, peut s’avérer difficile à mobiliser. En effet, si je me concentre sur mon geste graphique et ma posture, j’ai moins de ressources attentionnelles à allouer au reste. C’est pourquoi il est NORMAL que, pendant longtemps, l’enfant réussisse des exercices ciblés sur une règle en particulier (cnfr exemple 1 ci-dessous) mais ne parvienne pas, lorsqu’il écrit de manière spontanée (cnfr exemple 2), à gérer toutes les règles orthographiques, grammaticales et de conjugaison.

Exemple 1 : Transforme toutes les phrases au pluriel

Exemple 2 : Rédaction : pourquoi je ne devrais pas vous donner de devoirs ?

Nous avons, histoire de prendre un petit coup de vieux (et parfois ça fait mal), récupéré des lettres et textes que nous avions écrits au début de l’adolescence et « OH MY GOD », notre grammaire et notre orthographe laissaient franchement à désirer (et ça aussi ça fait mal). Pourtant, aujourd’hui, nous nous en sortons plutôt bien à ce niveau ! Ne fonçons donc pas trop vite, tête baissée, dans le diagnostic de troubles d’apprentissage en tout genre (ex : dysorthographie).

Pour aider à l’enfant à corriger ses possibles erreurs grammaticales ou de conjugaison, laissez-lui l’opportunité de se relire plusieurs fois en s’intéressant, tout à tour, aux différentes règles qui lui poseraient problème.

Exemple :

1. Je vérifie que j’ai bien accordé mes mots au pluriel
2. Je vérifie que j’ai bien accordé mes participes passés
3. Je vérifie que j’ai bien fait les différentes entre a et à
4. ...

En 2021, pourquoi continuer à écrire « à la main » ?

A notre époque, celle où la majorité des gens passent plus de temps derrière leurs claviers qu’avec un crayon à la main, il est raisonnable de se demander si l’écriture manuelle est réellement indispensable.

Entre 2003 et 2010, l'Institut de neurosciences cognitives de la Méditerranée (Marseille) et l'université de l'Indiana (Etats-Unis) ont publié diverses études mettant en évidence l’importance de l’écriture manuelle. En effet, elle serait essentielle à l’apprentissage correct de la lecture et au développement de la mémoire.

Et les gauchers dans cette histoire ?

Quand on parle « écriture », la question des gauchers revient souvent sur le tapis. Qu’en est-il de cette différence de latéralité manuelle dans le processus d’apprentissage de l’écriture ?

Environ une personne sur dix est gauchère. La préférence de l’enfant n’est pas réellement confirmée avant l’âge de 5-6 ans. Il semblerait qu’une fois la confirmation faite (et il faut, en cas de doute, réellement s’en assurer !), il n’y ait pas de réelle différence entre l’écriture d’un droitier et d’un gaucher, l’un pouvant être aussi bon que l’autre.

Quand considérer que l’enfant a une réelle difficulté d’écriture ?

Mazeau et Pouhet évoquent les qualités essentielles de l’écriture manuelle :

1. Lisible par l’enfant et les autres

2. Vitesse correspondant à ce qui est attendu à son âge ou niveau scolaire

3. Automatisation suffisante (afin de pouvoir faire attention et apprendre en écrivant)

L’enfant qui a une difficulté significative au niveau de l’écriture est souvent face à une double difficulté :

Quelques signes d’une trop grande lenteur d’écriture :

Notez que tous ces exemples conviennent également pour des enfants qui ont un trouble de l’attention ou un manque de motivation et des comportements oppositionnels, par exemple. C’est pourquoi il est essentiel de consulter des spécialistes pour écarter des difficultés autres.

Si votre enfant a des difficultés d’écriture qui semblent significatives par rapport à son âge ou son niveau scolaire et que cela l’handicape au quotidien. N’hésitez pas à consulter un spécialiste (ergothérapeute, psychomotricien, par exemple). En fonction de la problématique et du bénéfice de la rééducation ou des astuces mises en place, l’outil informatique (utilisation d’un clavier plutôt que de l’écriture manuelle) est parfois proposé.

Marie Baccus et Laura Bertleff, pour Learning Brain