Gérer les émotions de l’enfant
Rôle de l’adulte, outils et ressources

Aah les émotions, toute une histoire. Et nous avons envie de te la raconter dans cet article !

Nous commencerons par définir la notion d’émotion ainsi que les différentes compétences émotionnelles.
Nous évoquerons également la régulation émotionnelle et les stratégies qui nous permettent de gérer nos émotions OU d’aider quelqu’un à le faire.
Ensuite, nous te parlerons du rôle de l’adulte face aux émotions de l’enfant.
Pour finir, on te présentera quelques ressources et outils pour accompagner les enfants dans le développement de leurs compétences émotionnelles.

Allez, c’est parti !

Mieux comprendre le domaine des émotions

C'est quoi une émotion ?

Une émotion fait un pont entre nous et notre environnement. 🌉
En effet, il s’agit d’une réaction physique et psychologique à une situation dans laquelle on se trouve.

Les émotions de base sont : la peur, la colère, la joie, la tristesse, la surprise et le dégoût (Paul Ekman).
Elles sont universelles. En effet, quelles que soient nos origines ou notre culture, ces émotions s’expriment de la même façon sur notre visage. 😀

Ensuite, il existe, bien évidemment, des dizaines d’autres émotions comme la honte, l’envie, l’amour, … Ces dernières, plus complexes, sont liées, par exemple, aux contextes sociaux et relationnels.

A quoi servent les émotions ?

Dans son livre “Les émotions de l’enfant”, Isabelle Roskam explique que ces dernières :

  • Nous donnent des informations sur notre environnement 🌳
  • Nous poussent à réagir dans une situation donnée
  • Nous aident à adopter le comportement adéquat
  • Nous donnent des infos sur nous-mêmes (ce qu’on aime ou pas, ce qui nous effraie, …) ❤️
  • Fournissent des infos aux personnes qui nous entourent (sur qui nous sommes, l’état dans lequel nous nous trouvons et ce dont on a besoin)
  • Donnent à notre entourage des informations quant aux situations dans lesquelles il pourrait se retrouver

Les émotions sont présentes dès la naissance. 👶

Quelles sont les différentes compétences émotionnelles ?

1. Identification 👀

Mieux on reconnaît nos émotions et mieux on s’adapte aux situations. C’est un fait.

Malheureusement, nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne. Certains interprètent facilement les signes que leur corps leur envoie comme étant liés à telle ou telle émotion. D’autres ont plus de mal.

Et c’est pareil en ce qui concerne l’identification des émotions des autres …

2. Compréhension 🧠

Il s’agit ici de savoir quelles sont les causes et les conséquences d’une émotion. Qu’elle soit ressentie par soi ou autrui.

Il est évidemment plus facile de prendre du recul et d’adapter notre comportement quand on comprend bien nos ressentis.

3. Expression 📢

Les réactions physiologiques à une situation ne sont pas visibles. Personne ne se promène derrière toi avec un oxymètre. (c’est pour mesurer ton pouls)

Du coup, il est nécessaire de pouvoir exprimer efficacement ses émotions. Socialement, c’est assez utile 😛

4. Utilisation 🛠️

Il s’agir de pouvoir utiliser efficacement les informations transmises par l’émotion :

  • Orienter notre comportement
  • Prendre les bonnes décisions
  • Anticiper les situations
  • ...

5. Régulation

La régulation est un peu plus complexe car elle nécessite que les autres compétences soient un minimum développées. On en parle dans le point suivant 😉

La régulation émotionnelle : lien avec les fonctions exécutives (FE)

Isabelle Roskam la définit comme étant “la capacité à accéder à une certaine variété d’émotions, d’en moduler l’intensité et d’en contrôler la durée”.

Les inventaires BRIEF ou BROWN EF/A évaluent les comportements liés à cette compétence, appelée aussi “contrôle émotionnel”. Elle est considérée comme une fonction exécutive de haut niveau (clique ici pour voir notre article de blog sur le sujet). En effet, elle dépend, notamment, de capacités comme l’inhibition et la flexibilité, par exemple.

Quel lien avec l’inhibition ?

Nos émotions poussent à l’action. Elles nous poussent à adopter un comportement en réaction à une situation. Lorsqu’on a de bonnes capacités d’inhibition, cela nous permet de ne pas agir sous le coup de l’impulsion et d’adopter un comportement plus adapté, par exemple.

Concrètement, un souci de contrôle émotionnel peut se manifester par :

  • Une labilité émotionnelle (une humeur qui change souvent, par exemple)
  • Une explosivité émotionnelle (en positif comme en négatif: “rire hystérique” ou accès de colère, par exemple)

Les stratégies de régulation émotionnelle

Ces stratégies nous permettent de mieux réguler nos émotions OU d’aider quelqu’un à réguler les siennes.

Les compétences émotionnelles en fonction de l’âge de l’enfant

Nous te proposons ici un bref résumé d’une vidéo d’Isabelle Roskam (qu’on t’invite à aller regarder en entier si le sujet t’intéresse, clique ici).

  • 0 à 3 mois

Les émotions s’expriment de manière indifférenciée (pleurer, crier peu importe qu’il soit triste ou colère), il n’est pas possible de les distinguer.

  • 3 à 24 mois

Emergence de signes émotionnels différenciés. L’enfant passe dans une phase d’imitation de l’adulte : coucou beuh, mimiques de surprise, …

  • 2 à 6 ans

Développement de la régulation intrapersonnelle. A partir de 2 ans, l’adulte va amener l’enfant à un peu plus d’autonomie dans la gestion de ses émotions. Il s’efface progressivement et encourage l’enfant à aller chercher dans ses propres stratégies de régulation.

Et cela nécessite un apprentissage explicite !

(Notons que jusque 2 ans, l’enfant a besoin d’un co-régulateur (quelqu’un qui vient l’aider))

  • 6 à 10 ans

L’enfant intègre progressivement les stratégies de régulation. Il se décentre de lui-même. Ses émotions peuvent envoyer un message social. Il peut également tricher sur ses émotions (dire merci alors qu’il est déçu par le cadeau).

Ça fait réfléchir à ce qu’on attend parfois de nos bout de choux, pas vrai ?

Notons aussi qu’on a tendance à mettre l’accent sur la régulation émotionnelle de l’enfant alors que certaines autres compétences émotionnelles ne sont pas acquises.

Rôle de l’adulte : acceptation et validation émotionnelle

Dans son livre “Adapter la thérapie ACT pour les enfants, les adolescents et leurs parents”, Mehdi Liratni évoque l’importance de l’acceptation et de la validation des émotions de l’enfant.

On t’explique !

Face à quelqu’un qui stresse, qui pleure ou qui a peur, tu as certainement déjà répondu :

  • “Ne t’inquiète pas”
  • “Ca va aller”
  • “Ce n’est pas grave”
  • “Allez, il n’y a pas de raison de te mettre dans cet état”

Et ta démarche était certainement pleine de gentillesse et de compassion. Sauf que ces réponses ont plutôt tendance à minimiser les émotions de l’autre, les banaliser ou, même, les invalider.

De plus, nous avons tous tendance à juger les émotions dites “désagréables”. Mais personne ne choisit d’être en colère ou triste. C’est comme ça, c’est tout. Ce n’est pas vraiment contrôlable, on ne peut pas “supprimer” les émotions négatives. Par contre, on peut contrôler notre comportement, en réponse à ces émotions.

Il est donc important de faire la différence entre l’émotion ET le comportement qui en découle. On peut valider la première et ne pas accepter le second.

L’idée, quand on parle de validation des émotions de l’autre, est d’aller vers des réponses de ce type: “Je vois que …. et je comprends que …. Et c’est OK de ressentir ça !”

Exemple concret : “Je vois que vous êtes inquiète et je comprends que l’avenir scolaire de votre enfant est important pour vous. Et c’est ok de ressentir ça.”

L’objectif est ici d’accepter et de valider les émotions de l’autre de manière inconditionnelle, sans questionner leur légitimité.

Mais comment faire, concrètement, avec des enfants ?

L’objectif est ici d’accepter et de valider les émotions de l’autre de manière inconditionnelle, sans questionner leur légitimité.

Ça va, bien évidemment, dépendre de leur âge. Voyons cela de plus près :

  • En dessous de 4 ans

1. Il s’agira ici de mimer l’émotion ressentie par l’enfant (posture et traits du visage) ET de nommer l’émotion en même temps. “Oh, tu as peur”

2. Ensuite, rapproche-toi de lui, montre une expression faciale compatissante et console-le (câlin, caresses dans le dos, …).

  • De 4 à 7 ans

1. Tu peux ici désigner l’émotion ressentie par l’enfant: “Je vois que tu es en colère…”

2. Ensuite, valide son émotion avec empathie: “Oh c’est difficile ça, je comprends …”

3. Console-le (câlin, caresse dans le dos, …)

  • De 8 à 12 ans

1. Désigne et valide l’émotion ressentie par l’enfant: “je vois que tu es en colère et je comprends que tu le sois …”

2. Quand l’émotion est redescendue, tu peux l’inviter à nommer son émotion et le féliciter.

3. Tu peux aussi lui demander de localiser (dans son corps) l’émotion et le féliciter.

4. Finalement, tu peux :

  • L’inviter à choisir une place pour son émotion (chaussette, peluche, …) et faire un parallèle avec la cohabitation. Parfois, ça ne se passe pas bien avec ceux avec qui on vit, ils ne sont pas méchants mais embêtants. C’est le même avec les émotions.

OU

  • Faire une métaphore: celle de la niche. L’émotion c’est comme un animal de compagnie qui serait un peu collant, embêtant mais supportable et pas méchant.

Notons également que le parent a également le droit d’exprimer ses émotions face à son enfant. D’ailleurs, les exprimer permet de montrer qu’elles existent mais, aussi, d’expliciter les stratégies utilisées pour les réguler. Cela montre aussi à l’enfant que son parent est une personne à part entière, avec ses propres ressentis et émotions. Comme lui.

Outils et ressources en ce qui concerne les émotions de l’enfant

Les livres

  • “Les émotions de l’enfant” d’Isabelle Roskam

Ce livre est une mine d’or pour bien comprendre les émotions, leur fonctionnement, leur développement, … Nous le trouvons, par ailleurs, plutôt adapté à des professionnels, même s’il comprend énormément d’exemples.

  • “Les émotions de l’enfant. 7 jours pour mieux les comprendre” d’Héloïse Junier

Chouette BD pour aider les parents :

  • A comprendre les situations dans lesquelles ils peuvent se retrouver
  • A savoir comment réagir

Du même auteur (et publiés chez Hatier Jeunesse), voici plusieurs livres pour aider les enfants à apprivoiser leurs émotions et aider les parents à mieux comprendre :

  • “Ma colère de feu”
  • “Mes disputes qui piquent”
  • “Ma timidité de glace”
  • “Ma grande sensibilité et moi”
  • “Emotions : enquête et mode d’emploi. Pour penser.” de Art-Mella
  • “Grosse colère” de Mireille d’Allancé.
  • “Fergus est furieux !” de Robert Starling.
  • “La couleur des émotions” d’Anna Llenas

Les outils/jeux/matériels

  • “Emoticarts. Joue avec tes émotions”

Jeu pour aider les enfants à comprendre et gérer leurs émotions. A partir de 6 ans.

Et il existe une version adulte 😉

  • “Cartes Karamel : sentiments et besoins” (CPAS de Gerpinnes, Anouck Dubois)

Objectifs :

  • Développer le vocabulaire émotionnel des enfants
  • Comprendre que derrière les émotions se cachent des besoins
  • Les roues des émotions (L'autrement Dit)
  • “Le laboratoire des émotions” (Placote)

Jeu pour les enfants de 4 à 7 ans (en mode “loto”) pour apprendre à reconnaître les émotions.

  • “Le langage des émotions”

A partir de 7 ans, ce jeu permet de découvrir les différentes émotions, de les comprendre et de trouver les bons mots pour les exprimer.

(Adapté pour les adulte également)

  • “Le monstre des couleurs”

On en a fait une vidéo pour vous le détailler (clique ici pour la voir !)

  • “Feelings. Le jeu des émotions”

Emotions et théorie de l’esprit sont à l'œuvre dans ce jeu ! Et on en a fait une vidéo pour vous le détailler (clique ici pour la voir !)

  • “Totem”
  • “Dis ta vie” (Placote)

On espère que cet article t’a plu !

Et n’hésite pas à nous faire un retour 😉

SOURCES :

Marie Baccus et Laura Bertleff, pour Learning Brain