La Gestion Mentale au service de la réussite scolaire !

C’est quoi ?

La Gestion Mentale est « une approche philosophique et pédagogique » dont l’auteur est Antoine de La Garanderie. Ce monsieur, devenu notamment Docteur en philosophie, a connu personnellement l’échec scolaire. Il s’est alors intéressé aux enfants qui souffraient de difficultés d’apprentissage en se demandant « Qu’est-ce qui leur permet de réussir ? ».

Il s’est penché sur les « gestes mentaux » qui sont les « gestes » que fait notre cerveau lorsqu’on apprend : l’attention, la mémorisation, la compréhension, la réflexion et l’imagination. Nous y reviendrons plus loin. Son objectif était d’amener chaque enfant à prendre conscience de ce qu’il se passe dans sa tête lorsqu’il apprend et ce qui fonctionne vraiment chez lui.

Les trois grands principes de la Gestion Mentale

1. Tout élève est capable de réussir !

Trop cool, non ? Et puisque chaque enfant est capable de réussir, les enseignants n’ont plus qu’à les accompagner et les guider dans leurs « démarches mentales » pour qu’elles soient efficaces.

Dois-je encore rappeler le rôle essentiel de l’erreur ici ? Bon… Allez… pour ceux qui n’ont pas encore lu un seul de nos articles (nous ne vous en tiendrons d’ailleurs pas rigueur) : L’erreur est indispensable lorsqu’on apprend ! Réussir ne veut pas dire « ne jamais commettre d’erreurs », réussir c’est se servir de ces dernières pour s’améliorer.

2. L’introspection

Chaque élève (chaque personne en fait) se représente mentalement les informations qui se présentent à lui, auxquelles il fait attention ou qu’il doit mémoriser… Ces « images mentales » peuvent se présenter sous forme de mots, de sons, de photos, de dessins, de sensations, … Elles sont aussi appelées « évocations ».

Je vous donne un exemple concret pour que vous y voyiez plus clair :

Si je suis face à mon cours d’histoire sur la guerre 39-45, il peut se passer plein de choses dans ma tête pendant que j’essaye de le mémoriser :

  • Je peux revoir mon cours ou le plan de la matière
  • Je peux m’imaginer une bataille sous forme de film ou revoir des morceaux du film visionné en classe
  • Je peux revoir les illustrations qui sont dans le cours
  • Je peux entendre ma voix redire les informations
  • Je peux entendre la voix de mon professeur expliquer les informations
  • Je peux entendre les bruits des canons, le brouhaha des soldats dans les tranchées, …
  • ...
  • Et puis je peux faire plusieurs de ces choses-là en même temps !

Chaque personne a des « préférences » en termes d’évocations. C’est-à-dire que certaines auront tendance à plus facilement « voir » ou « entendre » dans leur tête, par exemple.

Cependant, cela dépendra bien souvent de ce qui se présente à nous. Si nous avons tendance à plutôt « revoir » le cours de géographie, il se peut que nous ayons plutôt tendance à nous « redire » le cours d’histoire. Et, en fait, bien souvent, nous faisons les deux en même temps.

Ce qui est intéressant ici c’est d’amener les élèves à prendre conscience de leurs évocations, de ce qu’il se passe dans leur tête, pour pouvoir s’en servir de manière efficace lors de la restitution de l’information (ex : au moment du contrôle).

3. La mise en projet

Pour que l’élève puisse récupérer facilement l’information au moment du contrôle, il faut qu’il ait été « mis en projet » au préalable. En fait, au moment de faire attention ou de mémoriser la matière, il faut qu’il ait en tête un projet précis, qu’il sache ce qu’il va devoir faire de cette information.

Exemples de mise en projet :

  • Je mémorise POUR connaitre par cœur les dates importantes de la guerre 39-45
  • Je mémorise POUR comprendre ma matière et pouvoir en faire une synthèse
  • Je mémorise POUR réexpliquer avec mes mots
  • ...

Cette idée de mise en projet peut-être parfois très utile pour comprendre ces enfants qui ont pu réciter sans aucun problème la matière à maman à la maison mais qui n’y sont pas parvenus lors du contrôle en classe. Eh oui… l’enfant était-il en projet de réussir son contrôle ou de réussir à tout répéter à maman parce que ça lui fait plaisir quand il y arrive?

Les cinq gestes mentaux

Cette approche met en évidence 5 gestes que nous faisons avec notre cerveau au moment d’apprendre :

1. Attention

Le mot « attention » vient du latin « Ad-tendere » qui veut dire « tendre vers ». En effet, faire attention c’est « se tendre vers » l’information qu’on perçoit pour la ramener à soi et la mettre dans sa tête !

2. Mémorisation

Guy Sonnois explique que « mémoriser c’est mettre volontairement, consciemment une connaissance à la disposition de son avenir ».

En gros, c’est mettre une information dans sa tête dans le but de la réutiliser plus tard.

La règle d’Or c’est qu’on ne mémorise que ce que l’on a évoqué. N’est maintenue en mémoire que l’information qu’on a fait revenir volontairement dans sa tête !

3. Réflexion

Guy Sonnois définit la réflexion comme le fait « de mettre en relation « dans sa tête » une évocation d’un problème présent avec des évoqués mémorisés ».

Des mots un peu compliqués pour dire qu’en fait réfléchir, c’est faire des liens entre les informations qui se présentent à nous et les connaissances que nous avons déjà en mémoire.

4. Compréhension

Le mot comprendre vient du latin « cum prehendere » qui signifie « prendre avec soi ».

Pour comprendre une information, nous allons l’assimiler, la transformer et l’interpréter pour nous-mêmes. Il nous faut, pour la comprendre, en appréhender tout le sens (c’est quoi ? A quoi ça sert ? D’où ça vient ? Comment ça marche ? Pourquoi ça existe ? …). En fait, comprendre, c’est faire des liens avec ce qu’on connait déjà ou avec ce qui se présente à nous (analogies, causes-conséquences, …).

5. Imagination

Ce geste mental est celui qui permet d’inventer, créer ou transformer les informations. Cela permet de voir les choses autrement, de ne pas rester « bloqué » sur ce qui existe et ce que je perçois concrètement. Selon Antoine De La Garanderie, l’imagination est présente chez tout le monde et, comme les autres gestes mentaux, elle s’apprend.

Les trois « temps » de l’apprentissage

En gestion mentale, nous représentons les trois temps d’apprentissage sous la forme d’un chapeau, comme ci-dessus. Tout d’abord, nous percevons l’information que nous évoquons ensuite pour, au final, la restituer. Pas très clair ? Allez, je vous explique tout en détails :

1. La perception

Grâce à nos cinq sens, nous recevons sans cesse des tas d’informations provenant de notre environnement. Nous appellerons ces informations des « objets de perception ».

Quels genres d’informations ? Eh bien, tout et n’importe quoi !

Nous percevons la douceur de notre pull quand nous l’enfilons, l’odeur de la transpiration dans le bus (pas très ragoûtant, je vous l’accorde), l’image de l’affiche placardée sur le quai, le goût de notre sandwich à la pause midi, le son des joyeux ragots racontés par notre voisine Francine, …

De même, un élève, au cours de sa journée, va percevoir des tas d’informations :

  • L’odeur de son nouveau cahier
  • Les nouvelles déclinaisons de latin
  • Le goût des pâtes jambon-fromage de la cantine
  • Le texte distribué en histoire
  • La sensation de l’écran tactile lorsqu’il envoie un SMS pendant les cours (Pas bien !)
  • Le schéma du système digestif de l’humain pendant le cours de sciences
  • ...

2. L’évocation

Il s’agit du moment où la personne va faire revenir dans sa tête l’information qu’il perçoit en se disant, en ressentant ou en revoyant quelque chose.

Il existe en fait deux types d’évocations :

  • Les évocations sans projet de sens qui se présentent comme ça, sans but, à l’improviste.

Ex : Je vois des courgettes au supermarché et ça me rend nostalgique parce que c’est ce que ma grand-mère préférait cuisiner.

  • Les évocations avec projet de sens qui ont un objectif (ex : mémoriser l’information)

Ex : Je revois le schéma présenté en sciences pour mieux le retenir.

Nous n’allons bien sûr pas développer un projet de sens avec toutes les informations qu’on va percevoir pendant la journée car elles ne sont pas toutes utiles !

Rien ne sert de vous préciser, je suppose, que vous n’êtes pas obligés d’avoir un quelconque projet en ce qui concerne les ragots de la vieille Francine. Par contre, il serait bien utile à l’élève de se mettre en projet en ce qui concerne les nouvelles déclinaisons de latin ou le texte distribué en histoire ! L’élève qui évoque inscrit une « trace mentale » de l’information dans sa tête.

3. La restitution

C’est ici le moment de « récupérer » l’information dans sa tête. Pour un élève/étudiant, c’est le moment de l’évaluation, bien souvent. Pour un homme, ce peut être le moment où il choisit un bouquet pour sa femme en se rappelant le nom des fleurs qu’elle préfère. Je dis ça en passant…

L’étudiant va alors « réentendre » ses déclinaisons de latin ou les « revoir » écrites sur sa feuille, par exemple. L’homme, chez le fleuriste, pourrait « réentendre » sa femme lui dire le nom des fleurs ou « revoir » les images qu’ils s’étaient faites en écoutant sa femme les lui énoncer.

Petites astuces pour parents et enseignants

Vous voilà maintenant mieux informés sur les grandes lignes de la Gestion Mentale. Voici donc quelques astuces qui découlent de cette approche et dont vous pourrez vous servir au quotidien.

Fournir des informations suffisantes permettant à l’enfant/ado de se mettre en projet de manière précise

A l’école

En tant qu’enseignant, il s’agira simplement d’être le plus précis possible quant à ce que vous attendez de vos élèves pour l’évaluation ou l’examen de fin d’année.

En effet, un élève qui a un contrôle sur les fractions va l’étudier différemment s’il a pour projet de savoir ce qu’est une fraction OU de savoir l’utiliser de manière concrète dans de nouveaux exercices.

Autre exemple, en histoire : Un élève va étudier différemment s’il a pour projet de retaper par cœur sa théorie OU de pouvoir utiliser ses connaissances pour comparer différentes situations historiques.

Bien entendu, pour les ados, l’objectif final sera de les amener à anticiper eux-mêmes les questions, à se mettre en projet en envisageant toutes les possibilités.

A la maison

1. Amener l’enfant à se mettre en projet d’avenir

Il ne s’agira pas de l’avenir proche dans lequel il devra vous « réciter » sa matière ou réussir quelques exercices à la maison mais un avenir plus lointain : réutiliser ces informations lors du contrôle, dans 3 mois, dans telle ou telle situation de la vie de tous les jours.

Reprenons l’exemple des fractions : n’hésitez pas à le mettre en projet de devoir faire face à de nouveaux exercices lors du contrôle, gérer le découpage d’un gâteau d’anniversaire ou calculer le prix de son jouet en tenant compte de la promotion, par exemple.

2. Je fais attention POUR …

Je mets ma main au feu que la plupart d’entre vous ont déjà reçu un « JE NE SAIS PAS » en guise de réponse à la question « Qu’est-ce que t’as fait aujourd’hui à l’école ? ».

En fait, de nombreux enfants/ados sont présents en classe sans avoir de projet en ce qui concerne les informations qui leur sont fournies par l’enseignant. Pour les aider à se concentrer et à évoquer ce qui est dit en classe, il va nous falloir les mettre en projet. Comment ? Eh bien, voici une astuce assez simple à mettre en place : Je fais attention POUR …

En gros, au moment où vous déposer votre enfant à l’école ou avant de le quitter chaque matin, vous devez le mettre en projet de devoir vous raconter avec le plus de détails possible ce qu’il a fait pendant la journée. Il s’agira alors, chaque soir, de lui poser des questions comme :

  • Quelles matières as-tu étudiées ? Le matin ? L’après-midi ?
  • Qu’as-tu appris de nouveau ?
  • Quels exercices as-tu fait en math ? En français ?
  • As-tu eu une évaluation ? Peux-tu me dire quelles questions le professeur a posées ?
  • ...

Afin de répondre à toutes ces questions, votre enfant va devoir être attentif et évoquer pendant sa journée. Et puisqu’il aura évoqué, il aura mémorisé plus d’informations et cela lui sera très utile au moment où il devra étudier sa matière. Oui, parce que rappelez-vous : On ne mémorise que ce que l’on a évoqué !

Bien entendu, il ne faut pas s’attendre à des explications très précises dès le premier jour mais si vous vous tenez à ce petit rituel, des progrès se feront sentir.

Laisser du temps et amener l’élève à prendre le temps d’évoquer

A l’école

Les élèves sont souvent bombardés d’informations qu’on ne leur laisse pas le temps d’intégrer. Pour qu’ils puissent comprendre, réfléchir, mémoriser, ils doivent pouvoir évoquer ces informations. Pour ce faire, n’hésitez pas à prévoir de petites pauses pendant lesquelles vous leur demandez de faire revenir dans leur tête tout ce qui vient d’être dit ou fait.

A la maison

Beaucoup d’élèves précisent qu’ils se rendent compte, après coup, qu’ils ne connaissent pas si bien leur matière qu’ils le pensaient. En fait, bien souvent, les enfants/ados restent en perception lorsqu’ils étudient et ne prennent pas le temps d’évoquer.

En effet, beaucoup d’élèves lisent leur matière plusieurs fois en répétant de temps en temps l’information à voix haute ou dans leur tête. Ils pensent connaitre car ils ont pu tout répéter TOUT DE SUITE après avoir lu. En plus de cela, il est fréquent qu’ils jettent un petit coup d’œil sur leur feuille dès qu’un mot leur échappe. En fait, ils sont restés en « perception », ils avaient leur cours sous les yeux et n’ont fait que le lire. Leur projet était donc de reconnaitre l’information et non de la restituer ! Or, en évaluation, si on nous demande parfois de reconnaitre la bonne réponse (ex : QCM), on nous demande encore plus souvent de la restituer (ex : questions ouvertes, définitions, exercices, …). Si l’enfant est resté en perception, il ne sera pas capable de restituer l’information.

Comme nous l’avons déjà dit, lorsqu’on veut « mémoriser », il faut « évoquer » (mettre les choses dans sa tête) car ce sont ces évocations que nous récupérerons pour pouvoir réussir notre évaluation. Et évoquer, ça demande un peu de temps !

Astuces à proposer à vos enfants/ados :

1. Le principe de la feuille blanche

Cette astuce est assez simple. Après avoir étudié, il suffit de prendre une feuille blanche et de réécrire tout ce dont on se souvient (avec des mots clés, ça peut suffire parfois bien sûr). Pour les plus jeunes, ils peuvent réexpliquer oralement avec leurs mots.

2. Pouvoir faire des exercices NOUVEAUX et ce, cours fermé.

3. Se déplacer pour mieux mémoriser - les exercices « promenade »

Il s’agit ici de séparer (dans l’espace et dans le temps) le moment où je perçois l’information et le moment où je la restitue.

Concrètement :

1. Perception : je suis dans ma chambre et je lis ma nouvelle définition en biologie.

Si je réécris ou redis tout de suite cette définition, je n’ai pas eu le temps de la faire revenir dans ma tête !

2. Evocation : je prends le temps de me la redire (sans regarder mon cours) ou de la revoir dans ma tête

3. Restitution : je change de pièce et je me rends, par exemple, dans la cuisine où m’attend maman à qui je dois redire la définition OU une feuille blanche sur laquelle je dois la réécrire.

Puisque je restitue à un endroit différent et donc, après un moment (le temps de me déplacer en tous cas), j’ai été obligé de faire revenir l’information dans ma tête, sans quoi il m’est impossible de la redire ou de la réécrire.

Bien entendu, les allers-retours sont possibles et même recommandés. C’est rarement en une fois que je parviendrai à restituer l’information. Pour finir, il est essentiel de finir en comparant mon résultat final avec le modèle !

Ceci marche pour n’importe quoi et pas juste une définition. Je vous propose de regarder la vidéo enregistrée par Laura Bertleff lors du confinement dans laquelle elle présentait « l’exercice promenade ». Si vous êtes inscrit à notre newsletter, vous avez normalement déjà reçu le lien. Si ce n’est pas le cas, nous vous proposons de rejoindre la communauté Learning Brain en vous inscrivant à notre newsletter via notre site ! Vous recevrez le lien vers les vidéos dans vos courriers indésirables.

Interroger les évocations

A la maison ou en classe, n’hésitez pas à interroger les élèves sur leurs évocations. Que s’est-il passé dans ta tête lorsque je t’ai expliqué ceci, lorsque tu as lu ou étudié cela ? Cela peut les amener à une prise de conscience de leurs processus mentaux, de la façon dont ils fonctionnent.

De plus, je suis persuadée que leur poser régulièrement ce genre de questions va les amener à faire aussi plus attention au fait qu’ils doivent évoquer lorsqu’ils sont en cours ou étudient. D’une pierre, deux coups !

Je m’arrête là pour aujourd’hui ! J’espère que ces quelques informations et astuces vous seront utiles.

N’hésitez pas à faire appel à notre équipe si vous pensez que votre enfant/ado a besoin d’un petit coup de pouce supplémentaire en méthode de travail. D’ailleurs, sachez que des ateliers de méthodologie en ligne seront bientôt disponibles pour vos têtes blondes.

Pour finir, notez que la plupart des informations citées dans cet article se retrouvent dans notre programme VISIO (formation en ligne et outils) destiné aux professionnels.

Marie Baccus et Laura Bertleff, pour Learning Brain

SOURCES :

CD ROM « Apprendre ça s’apprend. La Gestion Mentale. », Méta Média

https://neuropedagogie.com/gestion-mentale-garanderie/

GREBOT Elisabeth, Images et stratégies d’apprentissage : explications et critique, les outils modernes de la gestion mentale, ESF, (je sais pas l’année …)

« Accompagner le travail des adolescents avec la pédagogie des gestes mentaux » de Guy Sonnois

http://www.reussitschool.be/var/uploads/docmemorisation.pdf

http://apprenons.apaap.be/gestion-mentale.html

https://neuropedagogie.com/gestion-mentale-garanderie/le-geste-de-comprehension-en-gestion-mentale.html

Formation en Gestion Mentale donnée par Madame VANHAM Catherine, Coordinatrice du centre Mathémô (Bruxelles).