La mémoire au coeur de la réussite scolaire
Redonner à la mémoire sa juste place dans les apprentissages
L’idée de cet article nous est venue en lisant le livre d’A. Lieury, “Mémoire et réussite scolaire”.
Cet ouvrage est très intéressant car il permet de redonner à la mémoire sa juste place. En effet, l’enseignement d’aujourd’hui lui en accorde peu, mettant plutôt en avant le raisonnement.
La mémoire a mauvaise presse, assimilée à du “par coeur”, à un simple travail de répétition. On mise alors sur le “savoir raisonner” et le “savoir transférer” en la reléguant à un travail à faire à la maison.
Qu’est-ce que la mémoire ? Est-elle bien comprise par les élèves et leurs enseignants ? N’est-elle qu’une tâche secondaire ou a-t-elle une place centrale ? Peut-elle être définie comme une simple répétition des informations, en oubliant d’autres étapes essentielles ? Comment travailler la mémorisation directement au sein de la classe ?
C’est autant de questions auxquelles nous avons tenté de répondre ici. Alors c’est partiiii !
C’est quoi la mémoire, au juste ?
Déjà, nous n’en avons pas qu’une mais plusieurs. Eh oui, on est super bien équipés. Enfin, c’est comme pour tout … Encore faut-il savoir utiliser correctement nos équipements 😛
Donc, nous avons différents types de mémoires. Pour faire simple ici, nous allons nous intéresser au passage de l’information entre la mémoire à court terme et la mémoire à long terme.
Notre mémoire à court terme mémorise un certain nombre d’informations pendant un court laps de temps (environ 20 sec) avant de :
- Les envoyer en mémoire à long terme
Ou
- De les effacer
Et si on veut offrir un avenir à ces informations, il s’agira avant tout de fournir un effort attentionnel.
Sans attention, pas de mémorisation possible ! Et si, en tant qu’enseignant, on souhaite favoriser un maximum la mémorisation des informations par les élèves, il s’agira avant toute chose d’attirer leur attention !
Et si les contenus sont maintenant en mémoire à long terme, cela ne veut pas dire qu’ils vont y rester … Ni qu’on pourra les récupérer facilement. Du coup, ça aussi, ça demande du boulot.
En fait, mémoriser, c’est créer de nouvelles connexions neuronales. Mais pour maintenir ces connexions (et donc, les informations en mémoire), il faut les renforcer ! Comment ? En les réactivant régulièrement ! On t’explique tout ça plus bas !
Dans tous les cas, expliquer tout ça aux élèves nous semble indispensable ! Pas toi ?
L’oubli, un concept à part entière
"L’oubli s’instaure infailliblement si l’on n’apprend pas régulièrement" (tiré du livre de A.Lieury)
Au sujet de l’oubli, il nous semble important d’aborder deux points :
1. La “normalité” de l’oubli
Eh oui, oublier, c’est normal ! Plutôt rassurant, non ?
En fait, notre cerveau fait un tri parce qu’il ne peut pas tout garder. Il élimine donc tout ce qui n’est pas nécessaire.
“Oui mais parfois j’oublie des choses qui étaient importantes!!!”
Eh bien figure-toi, que pour l’éviter, ça demande un effort. Si tu avais réactivé les informations de manière régulière, ton cerveau ne les aurait probablement pas jetées…
A la fin de cet article, on t’explique ce qu’est la réactivation. Et, en prime, on te donnera quelques astuces pour la pratiquer en classe, avec tes élèves !
2. La différence entre oubli et problème de récupération de l’information
Ca t’est probablement arrivé d’être sûr d’avoir oublié quelque chose. Mais si quelqu’un te donne un petit indice, tout le reste revient. Pas vrai ?
Du coup, ton cerveau n'avait pas jeté l’information. Elle était là, quelque part, dans les méandres de ta mémoire. En fait, ce qui a posé problème, c’est la récupération spontanée de l’information.
Si l’information est là mais que tu ne parviens pas à la récupérer, c’est embêtant, non ?
Mais, pas de panique ! Il s'agit souvent d’un petit souci au tout début du processus : au moment de l’encodage. Quand tu encodes l’information en mémoire, il te faut l’accrocher à quelque chose, pour qu’elle tienne bien. Il va te falloir faire des liens, des ponts, …
Récemment, dans un post LinkedIn, Laura a évoqué la méthode des loci ou palais de la mémoire que nos patients appellent la “technique de la chambre”.
Par exemple, une jeune patiente de Laura devait étudier les différentes caractéristiques d’un mal de dos :
- C’est hyper fréquent (84% des gens ont mal au dos) --> Elle l’a accrochée à son lit parce que le lit est tout le temps là, on dort tous les jours !
- Souvent, ce ne sont pas des lésions qui expliquent les maux de dos --> Elle l’a accrochée à sa boîte à bijoux en faisant des liens entre “lésion” et “cassé” (les bijoux cassés).
Bien évidemment, il s’agit d’une technique parmi d’autres.
Et faire des liens, ça peut se faire avec tout : ce qu’on connaît déjà, ce qu’on a appris dans un autre cours, ce qu’on a vu à la TV, …
Un jeune qui étudie son cours d’histoire au sujet de la guerre 40-45, pourrait, par exemple, faire un lien entre un des chapitres de son cours et un film/reportage qu’il a vu à la télévision.
Travailler la mémoire à l’école
On l’a vu, mémoriser, ce n’est pas juste mettre des informations en mémoire à court terme. Cela demande de réactiver les connaissances en mémoire. Et ça, ça prend du temps. Malheureusement, en classe, on prend rarement ce temps … Ce travail doit donc se faire à la maison …
- Personnalité (certains sont très scolaires et vont le faire spontanément ; d’autres pas)
- Environnement (certains ont une pièce à eux, au calme ; d’autres pas)
- Accompagnement (certains parents encadrent les devoirs, y sont attentifs ; d’autres pas)
- …
De plus, pour beaucoup, la mémoire est associée au “par cœur”. Un travail considéré comme secondaire. Comme si c’était facile … Mais pour apprendre et acquérir de nouvelles connaissances, il faut déjà en avoir. Et si la boîte est vide (parce que l’élève travaille peu sa mémoire), comment va-t-il raisonner et faire des liens ?
Chez Learning Brain, nous sommes intimement convaincues que le travail de mémorisation doit aussi se faire en classe. Car il fait partie intégrante du processus d’apprentissage.
Comment travailler la mémoire en classe?
Nous l’avons vu plus haut, la première étape indispensable quand on veut favoriser une bonne mémorisation des connaissances, c’est l’attention ! Attirer l’attention de l’élève, l’intéresser, lui donner le plaisir d’apprendre. Tout cela aura un impact positif sur sa mémorisation.
La seconde manière de favoriser la mémorisation des connaissances chez vos élèves, c’est de travailler les réactivations ! Et donc, d’organiser des “BOOSTERS” (les djeun’s adorent ce terme).
Attention, engagement actif et consolidation sont d’ailleurs 3 des 4 piliers des apprentissages développés par Stanislas Dehaene.
Comment travailler les réactivations avec nos élèves ?
Comment mettre en place des boosters ?
En fait, ça peut se faire de 1000 façons différentes. Quelques exemples tout simples :
1. Booster tableau blanc
Les élèves doivent tous donner un mot clé pertinent ou une phrase résumant un concept du cours qui vient d’être vu en classe. On peut faire plusieurs fois le tour des élèves, évidemment. Et le professeur indique tout sur le tableau. Il peut compléter ou corriger certaines infos si elles sont insuffisantes ou incorrectes.
2. Booster notes et corrections 🗒️
Chaque élève résume le cours (ou le chapitre) qui vient d’être vu en indiquant ce qu’il a retenu et compris. Ensuite, il le passe à son voisin. Ce dernier “corrige” en indiquant les infos que son camarade aurait oublié OU en indiquant une erreur s’il en voit une. Et, ensuite, on fait un petit rappel commun avec l’ensemble de la classe.
3. Booster cinq doigts de la main 🤚🏻
1 doigt = 1 notion représentant les 50 minutes du cours qui vient de se dérouler.
4. Booster TAC au TAC
Exercice à faire en duo ou trio. Chacun dit une chose qu’il a retenue (une phrase ou un mot) et laisse ensuite la parole au suivant. Et on continue jusqu’à ce que plus personne n’ait d’info à ajouter. Et c’est plutôt sympa parce que cette technique permet aux jeunes de s’inhiber (ils ne peuvent donner qu’une réponse avant de donner la parole au voisin). Et, pour ceux qui ont du mal à s’initier, les idées des autres peuvent les aider à le faire.
Learning Brain a des solutions et des outils concrets à te proposer pour développer ça ! Les formations suivantes sont des mines d’or si tu souhaites aller plus loin !
Des outils créés par Laura; d’autres, inventés sur base de jeux existants ; … L’objectif étant toujours d’être utilisables facilement, hyper efficaces et ludiques !
Et quand on parle de mémoire, il faut savoir que …
- Compréhension et mémorisation sont inséparables
- L’enseignant peut impacter négativement la mémorisation
Toujours en lien avec la compréhension, Lieury, dans son livre, évoque l’importance de la mémoire encyclopédique. La mémoire des “mots” utilisés dans les manuels scolaires.
Ceux qui construisent et rédigent les manuels scolaires sont des experts de la matière (EDM, Sciences, Français, …). Le prof l’est également. Et ce dernier n’a souvent pas conscience du nombre de mots inconnus pour les élèves. Ce qu’il juge d’ailleurs comme un “nouveau mot” est souvent un mot “technique”. Mais il y en a en fait bien plus que les jeunes ne connaissent pas. Par exemple, des mots qui nous paraissent simples comme “justifie”, “élabore”, ... Tous ces mots qui ne sont pas “techniques” pour le prof, expert de son domaine, mais qui le sont pour les élèves, complètement novices.
Imaginez un chapitre plein de mots inconnus… Ca ralentit votre lecture, ça vous démotive, vous n’y comprenez rien, … et vous finissez par laisser tomber.
Lors d’une étude (relatée dans “Mémoire et réussite scolaire”), il était constaté que les élèves qui avaient le plus haut taux de mémoire encyclopédique réussissaient le mieux. Ben oui, compréhension facilitée = mémoire facilitée !
Autre façon dont l’enseignant peut impacter négativement la mémoire : donner des documents TROP fournis. Petit exemple simple à comprendre: une carte du monde avec toutes les infos: les pays, les capitales, les fleuves, les océans, les continents, … Bien sûr, l’élève devra tout apprendre. Mais pour la mémoire, il vaut mieux y aller petit à petit.
- La gestion mentale est un outil de choix !
Conclusion
Et tout ce travail de mémorisation devrait être en partie réalisé, selon nous, au sein des classes. C’est pourquoi, chez Learning Brain, nous avons à cœur de proposer aux enseignants des outils concrets à appliquer avec leurs élèves !
Allez, redonnons à la mémoire ses titres de noblesse !