Le Trouble du Spectre de l’Autisme (TSA) et ses troubles associés
Dans cet article, nous nous attaquons à nouveau à un sujet délicat … Eh oui, peu de professionnels sont bien formés au TSA et, on peut le dire, les stéréotypes à son sujet vont bon train. 🚂
- La définition
- Les caractéristiques
- Le diagnostic et la prise en charge
Anaïs a obtenu un master en psychologie clinique en 2013 et en neuropsychologie en 2016. Après avoir travaillé au SUSA (service universitaire belge spécialisé dans l’autisme) pendant plus de 10 ans, elle travaille aujourd’hui dans un pôle territorial. Son objectif : soutenir les écoles de l'enseignement ordinaire pour la mise en place des aménagements raisonnables et viser l'intégration des élèves à besoins spécifiques. Elle travaille également en libéral avec une spécialisation dans les troubles neurodéveloppementaux. Pour finir, et parce qu’elle ne fait pas les choses à moitié, elle a donné (et donne encore) de nombreuses formations au sujet de l’autisme.
Autant te dire qu’on préférait faire appel à elle qu’à Chat GPT pour cet article. 😉
Avant d’aborder le sujet des troubles associés au TSA, nous allons refaire un petit point sur les caractéristiques et les niveaux de sévérité du trouble.
Refaisons un point sur la définition …
L’autisme, depuis la sortie du DSM V en 2013, est appelé Trouble du Spectre de l’Autisme et est classé dans la catégorie des troubles neurodéveloppementaux.
Rappelons qu’un trouble neurodéveloppemental se caractérise par une perturbation du développement (cognitif et/ou affectif) ayant un impact important sur le fonctionnement global de l'enfant (scolaire, social, familial, …). Il est présent depuis la naissance (les premiers signes apparaissant souvent dès la petite enfance) et perdure tout au long de la vie.
Les grandes caractéristiques du TSA sont :
- Des déficits persistants de la communication sociale réciproque et des interactions sociales
- Le mode restreint et répétitif des comportements, des intérêts et des activités
Selon le DSM V, il existe 3 niveaux de sévérité pour spécifier le niveau de fonctionnement de la personne. Ainsi, chaque personne peut se situer à des degrés différents dans le spectre de l’autisme en fonction de la fréquence et de l’intensité de ses particularités ainsi que de l’impact sur sa vie quotidienne.
- Niveau 1 : nécessité d’un soutien
- Niveau 2 : nécessité d’un soutien important
- Niveau 3 : nécessité d’un soutien très important
C’est le médecin (neuro-pédiatre ou -psychiatre) qui indique ce niveau de sévérité.
Le TSA et ses troubles associés
Le TSA n’est déjà pas un diagnostic facile à porter mais il faut savoir qu’il est souvent accompagné de comorbidité(s). C'est-à-dire, d’un (ou plusieurs) autre(s) trouble(s).
En effet, selon le DSM-5, environ 70 % des personnes présentant un TSA présentent un trouble mental comorbide et 40 % présentent deux comorbidités psychiatriques ou plus.
Dingue, non ? Et c’est pour cela que nous allons nous intéresser à cet aspect en nous posant les questions suivantes :
- Quels sont les troubles souvent associés au TSA ?
- A quoi faire attention pendant le diagnostic ?
- Comment mettre en place une prise en charge adaptée ?
Les troubles associés les plus fréquents
Comme nous l’avons dit ci-dessus, selon le DSM-5, environ 70 % des personnes présentant un TSA présentent un trouble mental comorbide et 40 % présentent deux comorbidités psychiatriques ou plus.
Mais alors, quelles sont les comorbidités les plus fréquentes ?
Les troubles psychiatriques
- Les troubles anxieux
Van Steensel et al. (2011) mettent en évidence une comorbidité importante entre le TSA et l’anxiété chez l’enfant. En effet, ils estiment qu’environ 40-50 % des enfants présentant un TSA souffrent également d’un trouble anxieux. Chez les adultes, cela toucherait encore 50% des personnes autistes (Hollocks et al. (2019)).
Chez un individu “neurotypique”, l’anxiété se manifeste par des symptômes comme :
- Fatigue et troubles du sommeil
- Difficultés attentionnelles
- Maux de tête/ventre
- Problèmes de digestion
- Palpitations
- Irritabilité
- ...
Mais comment se manifeste-t-elle chez les personnes atteintes de TSA ?
En effet, du fait de leur fonctionnement particulier, les personnes autistes peuvent manifester leur anxiété de manière différente comme (Kerns et al., 2014) :
- Augmentation des comportements répétitifs
- Crises de colère
- Retrait social plus important
De plus, il faut noter que les personnes atteintes de TSA développent souvent des symptômes d'anxiété sociale. Celle-ci est définie par la crainte intense de situations sociales soumises au jugement ou au regard des autres.
- Les troubles dépressifs
Les personnes atteintes de TSA seraient 4 fois plus souvent confrontées à la dépression que les autres (source: rnetsa.ca). Elle est notamment souvent présente chez les individus présentant un syndrome d’Asperger. Les ados et les adultes seraient par ailleurs davantage sujets à la dépression que les enfants.
Cela peut se manifester par des symptômes tels que :
- Des changements d’humeur
- De la dévalorisation
- Une perte d’énergie
- Une perte d’intérêt pour leurs activités préférées
- Un comportement agressif
- Des idées suicidaires
- Des problèmes de concentration
- ...
- Les troubles alimentaires
Les recherches indiquent une prévalence importante des troubles du comportement alimentaire chez les enfants et les adultes autistes.
En effet, Sharp et al. (2013) mettent en évidence que 46 % et 89 % des enfants autistes présentent des comportements alimentaires atypiques comme :
- Des préférences alimentaires limitées
- Une sensibilité accrue aux textures et aux odeurs
- Une routine alimentaire rigide
Chez les adultes, des études révèlent que des comportements alimentaires restrictifs et des troubles tels que l'anorexie mentale peuvent également être surreprésentés (Westwood et al., 2017).
Le Trouble déficitaire de l’attention avec/sans hyperactivité (TDAH)
Environ 50% des enfants avec TSA sont également atteints d’un trouble cognitif spécifique (praxies, langage, attention, …).
Le TSA présente souvent une comorbidité significative avec le TDAH, en particulier. Antshel et al (2016) évoquent en effet une prévalence de 30 à 80 % de TDAH chez les enfants atteints de TSA.
L’épilepsie
La comorbidité entre épilepsie et TSA est bien documentée. Et les taux de prévalence sont assez élevés puisqu’environ 20 à 30 % des personnes atteintes de TSA présentent également des crises épileptiques (contre 1 à 2% dans la population générale) (Tuchman et al., 2010).
Apparemment, les individus présentant un TSA sévère et une déficience intellectuelle y seraient particulièrement sujets.
Il se pourrait que cette forte prévalence soit due à certaines caractéristiques neuronales similaires entre les deux troubles (notamment: dysfonctionnements de la connectivité neuronale et perturbations de l’équilibre neurochimique). Mais cela reste encore des hypothèses, actuellement.
L'épilepsie chez les personnes autistes peut se manifester par des crises variées (généralisées et focales). Elles peuvent avoir des conséquences sur le comportement et le développement cognitif, accentuant les difficultés liées au TSA. (Bolton et al., 2011).
Les troubles du sommeil
Goldman et al. ont mis en évidence que 44 à 86% des enfants autistes présentaient des troubles du sommeil (contre 10 à 16% dans la population normale) :
- Plus de temps pour s’endormir
- Plus de réveils nocturnes
- Sommeil moins réparateur
Et le manque de sommeil impacte le comportement et les capacités sociales des personnes atteintes de TSA. Par exemple :
- Plus de comportements stéréotypés
- Moins bonnes performances aux tests d’intelligence
- Plus de difficultés attentionnelles
Les troubles du développement intellectuel
30 à 40 % des personnes avec TSA ont également un trouble du développement intellectuel. L’OMS précise tout de même qu’en termes d’intelligence, le profil des personnes autistes varie beaucoup, allant de la déficience profonde à des capacités supérieures.
Qu’est-ce que cela implique en termes de diagnostic ?
Anaïs explique que c’est ici que l’anamnèse a toute son importance. Une anamnèse fouillée qui nécessite des formations solides pour pouvoir établir des diagnostics différentiels.
En effet, par exemple :
- En ce qui concerne l’anxiété, Anaïs explique que n’importe quelle personne présentant un trouble anxieux pourrait développer des routines rassurantes et/ou des comportements répétitifs (comme le balancement), sans qu’on soit face à un TSA.
De plus, le diagnostic d’anxiété chez une personne autiste pourrait s’avérer compliqué du fait de la capacité limitée à verbaliser les émotions (ou, même, les comprendre).
- Les symptômes de TSA sont parfois très similaires à ceux de la dépression. Par exemple: la difficulté de gestion émotionnelle, les changements d’humeur, les intérêts restreints, les difficultés attentionnelles ou les troubles du sommeil. Une personne autiste pourrait avoir tous ces symptômes sans forcément présenter un trouble dépressif. Et cela complique forcément le diagnostic.
- Le TDAH et le TSA sont souvent associés mais le diagnostic de l’un et de l’autre peut s’avérer très compliqué, du fait de symptômes assez similaires.
- Et si on s’intéresse aux troubles alimentaires … Les particularités sensorielles des personnes atteintes de TSA (hypersensibilité olfactive, gustative ou kinesthésique, par exemple) peuvent entraîner une aversion pour certains aliments. De plus, les comportements répétitifs et les routines dont ont besoin ces personnes peuvent entraîner des rituels et des choix inflexibles en termes d’alimentation (Zickgraf et al., 2020). Tout cela sans qu’un réel trouble alimentaire ne soit présent.
Ce dernier point (mais les autres également) pose une question assez pertinente : est-on face à des troubles distincts mais associés OU face à des symptômes conséquents au TSA ?
D’où l’importance d’une bonne anamnèse et de connaissances spécifiques au sujet du TSA et de ses comorbidités.
Comment mettre en place une prise en charge adaptée ?
Anaïs explique que l’anamnèse est essentielle pour poser un bon diagnostic et, de ce fait, proposer la prise en charge la plus adaptée.
En effet, par exemple, dans le cadre d’un TDAH associé, les traitements médicamenteux proposés peuvent parfois aggraver les symptômes d’autisme. Il est donc utile d’avoir bien délimité ce qui est dû au TSA de ce qui est dû au TDAH.
Quelle que soit la comorbidité, une approche pluridisciplinaire semble indispensable pour mettre en place la prise en charge la plus adaptée et individualisée. Anaïs précise que des guidances parentales, en plus des suivis individuels sont également conseillées. Et, évidemment, pour les jeunes scolarisés, des aménagements scolaires doivent être proposés.
Les formations TSA de Learning Brain
Si le sujet t’intéresse, LB t’a concocté un programme de formations spécialement dédiées au TSA !
- T’amener à mieux comprendre le fonctionnement d’une personne présentant un Trouble du Spectre de l’Autisme
- Te permettre de mieux cerner les aspects neuropsychologiques, cognitifs et sensoriels qui caractérisent bien le trouble du spectre de l’autisme
- Te donner des outils concrets pour l’évaluation diagnostique, développementale, comportementale et adaptative de ces personnes
- Te proposer des pistes d’action et aménagements
- Te donner des outils utiles de prise en charge
- …
Cette formation te donne également accès à l'inscription aux formations d'approfondissement autour du Trouble du Spectre de l'Autisme :
- Les fonctions utiles pour développer les habiletés sociales
- Définition des habiletés sociales et ce qui s'y trouve
- Lien entre habiletés sociales et TSA
- Les difficultés neuropsychologiques et diagnostiques pour les TSA
- L'utilisation d'outils transversaux
- Les sous-catégories des habiletés sociales, définitions et outils
- Comprendre les raisons de l'apparition des particularités sensorielles
- Développer l'analyse fonctionnelle pour comprendre les profils
- Outils d'évaluation de la sensorialité (profil sensoriel de Dunn, ...)
- Stratégies et aménagements
- L'évaluation fonctionnelle qui nous permet de poser des hypothèses sur les facteurs qui déclenchent le comportement
- Les différentes interventions pour travailler sur ces troubles du comportements
- Les stratégies pour tenter de diminuer l'apparition de ces comportements
- Différencier une difficulté d'un trouble
- Comprendre le trouble (causes et implications)
- Dégager des pistes d'actions générales
- Découvrir les aménagements raisonnables
En espérant que cet article t’ai plu, on te dit “à la prochaine” !
Et si tu as des questions ou remarques, n’hésite pas à nous les transmettre !
Sources :