Les neurones miroirs

Cet article met à l’honneur nos neurones miroirs et leur rôle particulier dans notre cerveau. Nous allons d'abord vous expliquer ce que sont ces neurones et, ensuite, les différents domaines dans lesquels ils nous sont utiles.

Les neurones miroirs : C’est quoi ?

Pour commencer, devons-nous vraiment vous rappeler ce qu’est un neurone tout court ? Allez, juste une brève définition pour que nous partions tous du même point : il s’agit d'une cellule du système nerveux qui permet la communication et le traitement des informations. Notre cerveau en contient des milliards mais ils sont aussi présents dans tout notre corps, au sein de nos nerfs.

Certains de nos neurones sont chargés de transmettre à nos muscles et nos glandes les « ordres » donnés par notre cerveau (neurones moteurs). Exemple : lors ce que je veux attraper mon verre pour le porter à ma bouche

D’autres sont chargés de recevoir l’information sensorielle (via nos 5 sens) et de la transmettre à notre cerveau qui se chargera d’y réagir adéquatement (neurones sensibles).

Et pour finir, il y a ceux qui font le lien entre ces deux autres types de neurones.

Et les neurones miroirs alors ?

Ces cellules microscopiques présentes en nombre dans notre boîte crânienne n'ont aucun lien avec une quelconque tendance narcissique (présente, elle, seulement chez certains d’entre nous) mais ont pour fonction de nous refléter le monde extérieur.

En 1990, Giaccomo Rizzolati découvre l’existence, un peu par hasard, des neurones miroirs chez le singe. Dans son expérience, il observait l'activité cérébrale du singe lorsque ce dernier tendait son bras pour attraper une cacahuète. Un jour, un chercheur a tendu son propre bras dans le même but et une activité cérébrale a été enregistrée dans le cerveau du macaque qui était en train de l’observer. Cette activité était identique à celle enregistrée lorsque le singe attrapait lui-même la cacahuète. Des groupes de neurones s'activent donc dans le cortex prémoteur frontal lorsque le singe effectue un acte moteur dirigé vers un but précis (ex : utilisation d’un objet) ET lorsqu’il observe ou entend d’autres êtres vivants (singes ou hommes) effectuer ce même acte.

Depuis lors, de nombreuses études ont confirmé l’existence de ces neurones miroirs chez l’humain et ce, qu’il y ait ou non des cacahuètes dans l’équation, vous l’aurez compris.

Des études ont également montré que nos neurones miroirs nous permettent de comprendre le but poursuivi par la personne que l’on observe. En effet, non seulement nous allons encoder les informations concernant l’acte moteur en lui-même (ex : attraper une tasse) mais aussi concernant l’action complète dont fait partie cet acte moteur (ex : attraper la tasse de café pour la porter à sa bouche et boire).

A quoi nous servent exactement ces neurones ? Quelle est leur utilité au quotidien ?

Neurones miroirs et apprentissages

Tout d’abord, parlons des apprentissages (parce que chez Learning Brain, vous le savez, c’est un peu notre dada). De par leur fonctionnement, on peut aisément comprendre le rôle des neurones miroirs dans l’imitation. Et l’imitation est essentielle dans le processus d’apprentissage et ce, qu’il s’agisse d’apprendre à parler ou à tenir correctement un crayon, par exemple. En effet, l’enfant va d’abord observer les autres, ce qui va activer les mêmes zones cérébrales que celles activées chez ceux qu’il est en train d’observer. Ensuite, il imitera ce qu’il a vu. En fait, nos neurones miroirs permettent d’activer (et donc, d’entrainer) les réseaux neuronaux qui nous servirons ensuite à produire nous-mêmes l’action que nous avons observée. Nos neurones miroirs se développeraient avant un an dans le cerveau et joueraient un rôle important dans les apprentissages dès le plus jeune âge.

Neurones miroirs et émotions

Intéressons-nous maintenant aux émotions. Une expérience réalisée par Giaccomo Rizzolati auprès de ses élèves a montré qu’une même zone cérébrale (l’insula) s’activait chez ces derniers qu’ils soient en train de sentir l’odeur d’œufs pourris ou qu’ils soient en train d’observer quelqu’un réagir à cette odeur.

« heu oui ok mais on s’en fout, non ? »

Attendez la suite… Plus tard, une étude a montré que des personnes à qui on a enlevé l’insula étaient ensuite incapables d’éprouver du dégoût et de reconnaitre des expressions faciales de dégoût chez d’autres personnes.

Ces données ont une importance particulière quand on s’intéresse à la notion d’empathie ! Pour les novices, l’empathie peut être définie comme la capacité à identifier les émotions de l’autre et se mettre à sa place.

Voici quelques résultats d’expériences sympas :

Tania Singer, une neuroscientifique allemande reconnue, a par exemple montré que les mêmes zones de notre cerveau s’activaient lorsqu’on ressentait nous-mêmes une douleur et lorsqu’on observait quelqu’un d’autre la ressentir. Dingue, non ?

D’autres chercheurs ont réalisé une expérience au cours de laquelle les sujets devaient regarder des visages exprimant des émotions de joie ou de colère. Ils ont enregistré l’activité musculaire de leurs sujets au niveau de la bouche et des sourcils et ont constaté des activations musculaires au niveau de la bouche lorsque les participants observaient une émotion de joie et au niveau des sourcils lorsqu’ils observaient une émotion de colère. Ce sont ces zones qui sont activées, de manière plus importante bien sûr, lorsqu’ils manifestent eux-mêmes ces émotions. De plus, les régions limbiques du cerveau (s’occupant de nos émotions) sont elles aussi activées lorsque nous observons de manière passive une émotion chez quelqu’un d’autre.

En fait, nos neurones miroirs nous permettraient, entre autres, de deviner et comprendre ce que ressentent les autres et, de ce fait, d’y réagir adéquatement. Ils joueraient donc un rôle dans les relations humaines, même s’ils ne suffisent pas à eux-seuls à faire de nous des êtres sociaux. En effet, la façon dont nous allons « lire » les émotions des autres et y réagir dépend aussi, notamment, de nos expériences de vie et de nos croyances.

Marie Baccus et Laura Bertleff, pour Learning Brain