Les troubles d’apprentissage de type DYS : faisons le point !

Troubles d’apprentissage, troubles DYS, troubles neurodéveloppementaux, … Tous ces termes pour désigner, parfois, les mêmes problématiques. On s’y perd mais Learning Brain a pour objectif de rendre tout cela plus clair, en regard des dernières publications sur le sujet ! Cet article s’adresse aux parents et enseignants et a pour objectif de vulgariser un maximum tout ce charabia.

Nous commencerons par la définition actuelle de ces troubles, tirée du DSM V. Ensuite, nous aborderons un peu plus en détails ce que regroupe cette appellation et, pour finir, Learning Brain vous donnera son opinion quant à cette nouvelle nomenclature.

Prêts ? Go !

Définition générale

La dernière version du manuel diagnostic et statistique des troubles mentaux (« DSM-V » de son petit nom) définit les troubles neurodéveloppementaux comme « un ensemble d’affections qui débutent durant la période du développement, souvent avant même que l’enfant n’entre à l’école primaire ; ils sont caractérisés par des déficits du développement qui entraînent une altération du fonctionnement personnel, social, scolaire ou professionnel ».

Les troubles neurodéveloppementaux se composent donc actuellement :

Les différents Troubles Neurodéveloppementaux

Voyons un peu plus en détails ce que tous ces termes indigestes veulent dire.

Les troubles de la communication

Dans cette catégorie, nous retrouvons tout ce qui touche au langage et à la parole :

Les troubles spécifiques des apprentissages

Cette catégorie regroupe les troubles liés à l’apprentissage de la lecture, de l’orthographe et du calcul. Nous vous parlerons ici de certains « troubles DYS » (dyslexie, dysorthographie, dyscalculie), terminologies que le DSM V recommande par ailleurs de ne plus utiliser. En effet, il propose plutôt de parler de « troubles spécifiques des apprentissages » accompagné de « avec déficit de calcul » ou « avec déficit de la lecture », par exemple.

Petite mise en situation : Dans la peau d’un dyslexique

Qu’avez-vous ressenti en lisant ceci ? Pas évident, n’est-ce pas ?

Voici des difficultés que peut éprouver une personne dyslexique :

Lecture :
  • lit lentement ou au contraire trop vite (et donc, avec des erreurs)
  • commet des erreurs (inversions de syllabes, confusions de sons ou de lettres, oublis, …)
  • perd le fil
  • ne tient pas compte de la ponctuation
  • difficultés de compréhension des consignes ou de ce qui vient d’être lu

Écriture :
  • orthographe peu constante
  • mauvais découpage des mots
  • mauvaise mise en page, ne tient pas compte de la ponctuation
  • difficultés à produire un texte (structure, grammaire, …)
  • ...

Voici les difficultés que peut éprouver une personne dyscalculique :

  • La connaissance du nom des nombres, leur lecture et leur écriture
  • La mémorisation et la maîtrise des tables de multiplication
  • Une dyscalculie de type spatiale : difficultés dans le dénombrement, dans la pose des calculs écrits, en géométrie,…

Ces troubles spécifiques des apprentissages ne sont pas liés à un retard intellectuel. Au contraire même ! En effet, un des critères pour pouvoir les diagnostiquer est la présence d’un profil intellectuel dans la norme !

Comme les troubles neurodéveloppementaux en général, ils peuvent avoir de graves conséquences sur l’estime de soi, le niveau d’anxiété, les relations interpersonnelles, …

Les troubles moteurs

Nous retrouvons ici toutes les difficultés liées à l’acquisition des coordinations nécessaires dans le quotidien (comme s’habiller, se laver, utiliser ses couverts, faire du vélo, faire ses lacets, utiliser sa règle, son compas, …). Une difficulté à ce niveau implique bien souvent un manque d’autonomie.

Les tics renvoient aux mouvements ou sons émis de manière brève et involontaire. Le syndrome «Gilles de la Tourette » entre dans cette catégorie.

Il s’agit de comportements répétitifs et rythmés qui n’ont pas de but évident. Ce s comportements peuvent être handicapants car ils peuvent interférer avec les autres comportements (ceux dirigés vers un but).

Les déficiences intellectuelles

Comme leur nom l’indique, elles sont liées à un déficit intellectuel qui entraîne des difficultés d’adaptation et d’autonomie. Il existe différents niveaux de retard intellectuel.

Une personne souffrant d’un retard intellectuel léger (QI entre 50 et 70) a des difficultés scolaires mais a des capacités d’adaptation suffisantes à l’âge adulte (autonomie possible).

Un retard plus important (QI <50) entraîne des retards de développement importants et un besoin d'assistance (manque d'autonomie).

Les troubles du spectre autistique

Différents troubles sont ici rassemblés sous la même appellation et peuvent être légers ou plus graves. Pour les définir, on parle de « triade autistique » :

Ces symptômes s’accompagnent parfois d’une déficience intellectuelle, d’un talent spécifique, d’une attention aux détails ou de problèmes de sommeil.

Le trouble déficitaire de l’attention avec/sans hyperactivité (TDA/H)

Ce trouble regroupe des symptômes tels que l’inattention, l’impulsivité et l’hyperactivité.

Si ce sujet vous intéresse, je vous invite à lire notre article spécifiquement dédié à ce trouble sur notre blog. Vous y trouverez, nous l’espérons, les réponses à la plupart de vos questions !

Les « autres troubles neurodéveloppementaux spécifiés et non spécifiés »

Pas de blabla inutile, il s’agit assez clairement d’une catégorie « fourre-tout » dans laquelle seront classés les enfants qui n’entrent dans aucune autre case …

L’avis de Learning Brain : attention à la partie cachée de l’iceberg !

Tout d’abord, il nous semble important d’aborder le problème des étiquettes qu’on colle sur les enfants comme sur les pots de confiture. Si l’étiquette a pour objectif le bien-être de l’enfant et la mise en place d’un projet thérapeutique et/ou pédagogique adapté, elle a bien sûr tout son intérêt. Cependant, chez Learning Brain, nous insistons sur l’importance de ne pas aller trop vite dans le diagnostic.

Certains enfants sont diagnostiqués « multi-dys » c’est-à-dire qu’ils souffriraient de plusieurs troubles spécifiques des apprentissages. Il est essentiel de rappeler que les critères diagnostics de ces troubles concernent en fait souvent les conséquences scolaires (retard dans l’apprentissage de la lecture, difficultés de calcul, …) et non les causes cognitives (c’est-à-dire les capacités cognitives qui sont touchées chez l’enfant et qui entraînent, de ce fait, des difficultés dans l’apprentissage de certaines notions « scolaires »). La question est alors : N’y a-t-il pas parfois une cause unique qui explique que l’enfant ait des difficultés scolaires dans différents domaines ?

Un exemple pour que vous compreniez bien :

Un enfant est diagnostiqué dyslexique car on observe chez lui un retard dans l’apprentissage de la lecture. Mais s’est-on vraiment intéressé à ce qui causait ce retard ? Il se pourrait qu’il ait un trouble phonologique mais il se pourrait également qu’il y ait une atteinte des fonctions exécutives (inhibition, mémoire de travail, flexibilité, organisation, …) ou encore, un trouble neurovisuel (balayage visuel ou fixation oculaire problématique par exemple).

En bref, nous rejoignons l’avis de Léonard VANNETZEL (1) (directeur pédagogique chez ANAE Formations) selon lequel une des lacunes de cette classification est que les troubles sont regroupés par ressemblances symptomatiques. En effet, tous les enfants ayant tels et tels symptômes sont diagnostiqués comme ayant le même trouble, sans tenir compte de la cause des difficultés relevées. Nous invitons d’ailleurs les thérapeutes à suivre la formation « Trouble DYS, neuropsychologie de l’enfant et handicap : approche pluridisciplinaire » donnée par ANAE Formations. Cette dernière propose un état des lieux et une mise à jour quant à ces troubles.

(1) Formation ANAE, « Trouble DYS, neuropsychologie de l’enfant et handicap : approche pluridisciplinaire ».

Les propositions d’aménagements scolaires et thérapeutiques ne peuvent être les mêmes pour tous ces enfants car ils peuvent être très différents dans les difficultés qui sont à la base de leur trouble d’apprentissage. En effet, nous ne proposerons pas le même suivi et les mêmes aides à l’enfant qui n’a pas développé correctement ses fonctions exécutives ou à celui qui souffre de troubles neurovisuels et ce, même s’ils sont tous deux diagnostiqués « dyslexiques ».

Les fonctions exécutives et attentionnelles jouent, selon nous, un rôle très important ici. Il arrive souvent qu’un diagnostic de trouble d’apprentissage soit posé alors que l’enfant souffre en fait d’une atteinte/d’un mauvais développement de ses fonctions exécutives. Ces dernières constituent le socle des apprentissages. Comme évoqué dans notre article sur le sujet (paru en mai 2020 sur notre blog), il faut imaginer que les fonctions exécutives sont les fondations de votre maison. Pour construire des apprentissages (lire, écrire, calculer, …), comme pour construire les murs de votre maison, il faut que ces fondations (ces fonctions exécutives) soient solides afin d’éviter à l’édifice d’être trop bancal. Vous comprenez donc l’intérêt de leur bon développement pour les apprentissages scolaires.

Comme l’évoque Frédéric PUYJARINET, psychomotricien, dans une formation récente d’ANAE Formations, plusieurs troubles neurodéveloppementaux (TDAH, troubles du spectre autistique, trouble de l’acquisition des coordinations et troubles spécifiques de apprentissages) ont pour symptômes des difficultés attentionnelles et exécutives. Il est intéressant de se demander parfois si, finalement, le problème ne se situe pas spécifiquement à ce niveau, ce qui entraînerait, par la suite, des retards dans certains domaines comme le développement du langage, des relations sociales, des apprentissages, …

Attention donc aux mauvaises étiquettes ou aux raccourcis qui peuvent parfois coûter cher à l’enfant car les aides qui lui seront apportées ne viseront jamais que les symptômes dont il souffre et non la cause qui a entraîné ces symptômes.

Il est essentiel que le diagnostic de tous ces troubles comprenne une anamnèse fouillée (histoire familiale, éducation, développement, aspects médicaux, …), des bilans approfondis, des questionnaires ainsi que des observations cliniques et psychopédagogiques.

Si vous vous posez des questions par rapport à votre enfant et sur la possibilité qu’il puisse souffrir de ce type de troubles, n’hésitez pas à faire appel à notre équipe qui pourra vous écouter et vous guider.

Marie Baccus et Laura Bertleff, pour Learning Brain

Sources :

« Les « troubles neurodéveloppementaux » : analyse critique », Anne Delègue, pédopsychiatre, octobre 2019

Dossier de la fédération Wallonie-Bruxelles concernant les troubles spécifiques d’apprentissage et les aménagements raisonnables.

« La constellation des DYS : Bases neurologiques de l’apprentissage et de ses troubles» (2ème édition), Dr Michel HABIB, De Boeck Supérieur, 2008.